Comité Départemental de Spéléologie du Jura Fédération Française de Spéléologie |
Hommage à Jean-Claude FRACHON |
Jean-Claude Frachon: un précurseur ? (à paraître)
Par Jean-Yves Bigot, 30 janvier 2006 J'ai rencontré pour la première et dernière fois Jean-Claude Frachon à Corveissiat (Ain) le 8 octobre 2005 et j'ai été impressionné par sa culture et son intelligence. Cependant, nous avons échangé des courriers qui m'ont permis de l'apprécier.
Fort de l'enseignement dispensé par J.-C. Frachon, j'ai eu l'occasion de tester la théorie des reculées du Jura lédonien dans la haute vallée du Lison pour identifier le creux Billard comme une ancienne reculée suspendue au-dessus de la source du Lison (1). Nul n'étant prophète en son pays, la signalétique des collectivités territoriales continue de dispenser des idées obsolètes comme les modèles d'effondrement qui résistent à la limpidité des hypothèses (2) formulées dès 1969. Mais Jean-Claude Frachon a identifié d'autres phénomènes typiquement karstiques qui ne sont pourtant pas caractéristiques du karst jurassien. Il s'agit de conduits illustrant la réponse du karst à une remontée du niveau de base, comme on peut en voir dans la plupart des émergences ayant eu à s'adapter au comblement d'une vallée par des alluvions, qu'elles soient d'origine marine, fluviatile ou glaciaire.
Voilà ce qu'avait dit J.-C. Frachon aux sceptiques, message du 7 novembre 2002 : " Je suis allé voir le site de J.-Y. Bigot, et j'y ai vu deux caractérisations des tubas (*) : 1) une certaine disposition géométrique, à savoir : conduit sec descendant recoupant un conduit actif à pente régulière. 2) une hypothèse génétique, à savoir que le creusement du conduit sec serait postérieur à celui du conduit actif, du fait d'un barrage par des sédiments. La Caborne de Menouille (Cernon, Jura) semble correspondre pile-poil à ce schéma. " Le lendemain, J.-C. Frachon répondait à une demande de justification en adressant un nouveau message : " La Caborne de Menouille (6600 m de développement, 157 m de dénivel.) s'ouvre sur le flanc de la vallée de l'Ain, dans le Jura. Le cours actif s'écoule vers la résurgence à 330 m d'altitude. Au Würm, la vallée et les conduits d'entrée de la grotte ont été remblayés jusqu'à 360 m d'altitude par des dépôts fluvio-glaciaires. Il est admis que le réseau Inférieur avec son P. 15 correspond à un creusement de bas en haut, de type vauclusien, élaboré après cet épisode de remblaiement, en direction de l'entrée actuelle de la cavité. Le cours actif inférieur a peu à peu surcreusé les remplissages et retrouvé son itinéraire d'origine, si bien que le 'trop-plein' vauclusien est désormais subfossile. "
Coupe des réseaux de la caborne de Menouille (croquis de J.-C. Frachon) Je rends ici hommage à la vivacité d'esprit de Jean-Claude Frachon qui a su reconnaître, bien avant la lettre, les causes de phénomènes karstologiques assez ténus jusque dans ses cavernes jurassiennes. (*) "Grotte-tuba " est le terme que nous avions employé pour définir les conduits qui se développent au-dessus des conduits initiaux raccordant ainsi les circulations hydrologiques au nouveau niveau de base local. Eléments de bibliographie
|